Notre patrimoine

La Douëra

de Charles Cournault à nos jours.

Jusqu’en 1856, c’était un chalet à tourelles… A partir de cette date, Charles Cournault la transforma dans le style mauresque. Charles Cournault [1815 – 1904], élève des peintres Charlet et Delacroix, effectua trois voyages en Algérie de 1840 à 1846. Il en rapporta croquis et dessins qui lui servirent pour la décoration extérieure et intérieure de la « petite maison » (sens de Douëra en arabe). La maison qui abrita des collections orientales et d’archélogie, des peintures, des dessins, des objets de toutes sortes fut la demeure de trois générations de Cournault :
– celle de Charles, qui fut une personnalité importante de la vie culturelle de Nancy dès 1858 (conservateur du Musée Lorrain)
– celle de son fils Abel, amateur de plantes rares, curieux de littérature et d’art qui enrichit à son tour les collections familiales
– celle d’Etienne, peintre sur verre, décorateur et graveur « arts décoratifs » qui s’établit définitivement à La Douëra en 1930 et y mourut en 1948.
Trois salles sont classées à l’Inventaire des Monuments Historiques : le Salon Persan au 1er étage, l’Atelier et le Diwan au 2ème étage, ainsi que la façade Est du bâtiment.

Visite virtuelle de La Douëra : ici


Eglise St-Martin

La paroisse de Malzéville remonte certainement au 4ème siècle, au moment où Saint-Martin, évêque de Tours, voyage à travers la Lorraine et organise les premières paroisses rurales. A « Maleseiville », la fondation de l’église paraît plus tardive… 9ème siècle probablement. Les certitudes datent du 15ème… Mais qui en fut le financeur ? « René II a peut-être octroyé des crédits pour la réalisation des fresques mais n’a pas participé financièrement à sa construction, car elle est antérieure à son règne. » En 1696, les deux cloches de l’église sont bénites. En 1757, les vitraux du grand portail sont remis à neuf. En 1826, l’église est allongée d’une travée par la construction d’un pignon sans ornement. C’est de cette époque que date aussi la niche qui reçoit la statue équestre de Saint-Martin (16ème). La rosace de type gothique qui vient d’être restaurée sera réalisée en 1851. Mais ce n’est qu’en 1895 que furent découvertes d’importantes fresques peintes sur les murs de la nef. Du 16ème, elles représentent Saint-Jean Baptiste, un archevêque et un chemin de Croix de 14 stations.

Source : Malzéville, par Roger BECK, Association Notre-Dame du Trupt, 1996) 

RESTAURATION DES PEINTURES MURALES
Laurence Blondaux, conservatrice-restauratrice d’art a restauré ces peintures en 2011/2012 afin de leur redonner leur qualité initiale.


LE JARDIN SAINT-MARTIN

L’ancien cimetière de l’église Saint-Martin (200m2)  était à l’état de friche.

Conscients que ce manque d’entretien nuisait à l’intérêt du monument lors des visites, un petit groupe de bénévoles de l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de l’Eglise Saint-Martin s’est mobilisé pour réhabiliter ce terrain.

L’option prise de créer un jardin d’inspiration médiévale – Renaissance est venue naturellement de l’histoire du bâtiment : tour-clocher datant du Moyen-Âge et peintures murales de la Renaissance.

Les bénévoles ont depuis 2014, selon leurs compétences, défriché, dessouché, réalisé des plessis afin de délimiter des carrés répondant à des thématiques particulières nommées « Jardin de Marie » (les ornementales), « Arômes et Simples », « Bienfaitrices » (plantes utiles) « Nourricières », « Magiques ».

Des plantes mentionnées dans divers documents des époques concernées ont été introduites dans le jardin (plus d’une centaine), identifiées sur ardoise ou terre cuite.

Une terrasse ornée d’une croix de Lorraine rappelle la présence des Ducs de Lorraine sur le fief de Malzéville acquis par René II peu après sa victoire sur Charles le Téméraire.

A la fin de cette année 2016, ce jardin destiné à l’origine à n’être qu’une mise en valeur du patrimoine de l’église, est devenu un véritable centre d’intérêt.

Connu au niveau régional grâce notamment à la participation de l’association avec la réalisation de trois posters pour les « Journées d’Histoire Régionale » à Dieuze, à « Rendez-Vous aux Jardins », aux « Journées du Patrimoine »…, il participe au rayonnement de Malzéville au-delà de la métropole nancéienne.

L’ouverture du jardin, couplée avec celle de l’église, est prévue régulièrement durant la période estivale.

En dehors de ces dates, il est possible de prendre rendez-vous par téléphone auprès de M. Colotte (03 83 20 52 68) ou de Mme Pierre (06 18 13 37 56) qui se feront un plaisir de vous faire découvrir les trésors de l’église et de son jardin.


La Cure d’Air – Trianon

L’histoire de ce lieu unique, lié au Nancy 1900 et situé sur les hauteurs de Malzéville, est à la fois rapide et riche. En 1902, Louis ROYER, propriétaire du Grand Café à Nancy, commande à l’architecte Georges BIET, un bâtiment qui doit servir d’annexe à sa brasserie. BIET, un des fondateurs de «l’Ecole de Nancy» s’associe à SCHERTZER qui se charge de l’architecture métallique. L’auberge ouvre en 1903 ; des verrières colorées que BERGE, dessinateur chez DAUM et professeur d’arts décoratifs, a réalisées, habillent les arcades métalliques. Sur le toit du Trianon, on peut danser. Un velum protège les clients du soleil ; dans le parc avec grotte, vasque et chute d’eau, Louis ROYER fait construire un théâtre de plein air de manière pas très réglementaire sur la propriété voisine… Est-ce le peu de clientèle ? la difficulté de rentabiliser des investissements énormes ? L’activité cesse et en 1909, l’entrepreneur Auguste BICHATON rachète le lieu pour en faire sa résidence d’été; il agrandit considérablement le domaine. Le lieu est classé par les Monuments historiques depuis 1989. La verrière, quant à elle, cible du temps et des vandales, est démontée en 1993. Les vingt vitraux, qui attendent leur restauration, constituent autant de panneaux publicitaires pour des boissons vendues sur place… Une galerie unique en France : Grande Fine Champagne, Guignolet, Rhum des Plantations Saint-James, Absinthe Oxygénée Cusenier, Vermouth, Cassis mais aussi l’eau de Vichy, et le lait Saint-Hubert…

Source : Malzéville au XXème siècle, Alain Colotte, Denis Marchal, Patrick Marcolé, édité par l’Association Notre-Dame du Trupt

La Chapelle de Pixerécourt

La chapelle, qui est l’ancienne église de Pixerécourt et qui accueille maintenant le musée Mathieu-de-Dombasle (1777 -1843), mérite la visite… Son portail, en plein cintre, abrite un Saint-Pierre polychrome et,à gauche du pilastre, un tournoi de cavaliers. Son vitrail est dédié au fondateur de l’enseignement agricole, Mathieu de Dombasle. « Celui-ci tient une plume d’oie, symbole des annales de Roville-devant-Bayon, lieu d’implantation de l’école d’agriculture qu’il créa en 1822, à la demande de Bertier, propriétaire-cultivateur qui reve nait de Saint-Domingue. Derrière lui, le vitrail montre une ferme lorraine, inspirée de Sion, et deux betteraves ! ». C’est un symbole… En effet, comme, à partir de 1806, les Anglais avaient imposé à la France le blocus du sucre colonial, Mathieu de Dombasle avait créé à Vandœuvre une sucrerie, à base de betteraves. Le blocus ayant cessé à la défaite de Napoléon, les prix s’effondrèrent et Dombasle fut ruiné.Il se reconvertit dans la mécanique agricole et imposa en quelques années la charrue dite de « Dombasle », dont on voit dans ce musée un exemplaire authentique, puis il créa l’école avec Bertier.
Mathieu de Dombasle était né à Nancy, place de Grève (l’actuelle place Dombasle), face de la rue de l’Esplanade (l’actuelle place Stanislas).
C’était l’aîné d’une famille de 8 enfants, dont l’une des sœurs fut l’aïeule de Lyautey et un des frères, l’aïeul de l’actrice Arielle Dombasle…

Source : Marcel Mangeot, directeur de Pixerécourt en 1947, repris dans l’Est Républicain)

Parc de l’Abiétiné

Le jardin de l’Abiétinée de Malzéville, à mi-rue Pasteur et d’une superficie de 1,5 hectare, était au début du 20ème siècle un arboretum de premier plan. Contemporain de l’Art Nouveau et de l’École de Nancy, il est situé à quelques centaines de mètres d’un chef d’œuvre de cette même époque, la Cure d’Air-Trianon.

Origine du nom
Le nom de l’Abiétinée (féminin) vient d’abiétacée (abies en latin, mot qui désigne un arbre résineux à aiguilles).

La création
En 1902, naît une «société d’amis des belles plantes». Elle est créée par Eugène Schott, maire de Maxéville, négociant en houblon et vice-président de la Société centrale d’horticulture de Nancy, et Emile Kronberg. Son but : «propager le goût des beaux végétaux rustiques sous le climat lorrain, et notamment les conifères». Cette pépinière fut évoquée dans le rapport général de 1909 sur l’exposition internationale de l’Est de la France. On y parle d’arbres rares, nouveaux, remarquables. Un jardin de plantes alpestres se développait même à l’endroit le plus élevé du parc.

Le présent
Une procédure de classement demandée par la CUGN est actuellement instruite par la DRAC pour permettre la mise en valeur de ce patrimoine végétal de premier plan, formant une entité Art nouveau remarquable avec le Trianon. Un projet de la DIRE, envisage d’ailleurs un classement de cette zone.

Les principes et la philosophie
Un document rédigé par Victor Didier, le conservateur des collections de conifères, et publié en 1910 par le bulletin de l’école professionnelle de l’Est (actuellement lycée Loritz), expose les principes et la philosophie qui ont conduit à la création de cet arboretum.
Victor Didier situe clairement sa démarche dans la continuité de l’École de Nancy. Son chef de file, Émile Gallé, qui a disparu depuis six ans lorsque paraît ce texte, a toujours établi un lien entre les arts décoratifs et l’art des jardins : «Dans le règne végétal, les conifères n’ont pas seulement un rôle utile et pratique (… ). Dans les parcs et jardins, leurs groupes doivent être placés çà et là dans un désordre étudié, un beau désordre, approprié au site, mais qui ne laisse deviner ni l’art, ni l’arrangement et semble au contraire un caprice de la nature».
Victor Didier anticipait même la notion de développement durable, et écrivait aussi : «La limite raisonnable du déboisement étant atteinte et même de beaucoup dépassée, l’action civilisatrice tend, non plus à détruire, mais à conserver ce qui reste de forêts, à les améliorer et à les régénérer, à en créer de nouvelles là où elles ont été indûment anéanties».
Ces hommes participent au grand mouvement de plantations et de créations d’arboretum du début du XX siècle, témoignages encore vivants dans de nombreuses régions françaises.

Les collections
Dans le document de 1910, Victor Didier précise que sa nombreuse collection de conifères comprend « 25 genres et 277 espèces, variétés ou sortes horticoles » des cèdres de l’Atlas, Séquoia, des Pins d’Autriche et parasol, des Mélèzes géants des Alpes ou des Abies grandis, «un californien des bords du Frazer qui peut atteindre 100 mètres de hauteur et cinq mètres de circonférence». (…)
Le parc «a déjà réuni des collections complètes de conifères d’ornement et de culture forestière, ainsi que tous autres arbres et arbustes d’ornement ou d’utilité».(…). «Ces collections sont étiquetées suivant une nomenclature botanique la plus exacte, constituant ainsi un véritable arboretum qui peut être visité avec intérêt par les amateurs et les écoles scientifiques de la région».

Les visiteurs de l’Abiétinée
De nombreux spécialistes de l’Europe entière y vinrent, notamment ceux de la Société dendrologique allemande venus en 1910. Leur récit de voyage a permis de retrouver des éléments historiques. Edwige Feuillère l’a visitée dans les années 60. Victor Didier indique que le comité qui préside aux destinées de l’Abiétinée «a des relations avec les plus grands établissements horticoles de France et de l’étranger».

Les travaux de recherche
Des chercheurs se sont penchés sur l’histoire de ce site et ont produit un CD riche, résultat de deux années de recherches sur le sujet.

Sources

    • CD Rom historique réalisé par M. Raoul PIALOT, enseignant et passionné d’arboretum, riverain de l’Abiétinée, et M. Didier MISLER, botaniste, spécialiste du patrimoine végétal de Nancy, président de l’association des Parcs et Jardins de Lorraine.
  • L’Est Républicain, 2006.